Madame, Monsieur,
De par le monde, les assiettes sont trop vides ou trop pleines … Mais, partout, l’agriculture familiale et paysanne a été négligée au profit d’un modèle agro-industriel. Chez nous à Ottignies, alors qu’en 1950 on dénombrait encore 621 exploitations agricoles, dont 566 de moins de 1H et seulement 4 de plus de 50Ha, il n’en reste plus que 18 en 2009, occupant une superficie de plus de 1.100Ha. Et dans le Sud : près d’un milliard de personnes souffrent de la faim dont plus de 650 millions sont des paysans et leurs familles. Partout dans le monde – même en Europe occidentale - on constate des suicides de paysans ; 2 chaque heure en Indes !
Alimentation et agriculture vont de paire ... pour alourdir notre empreinte écologique : consommation de fraises en hiver, éléments d’un pot de yaourts réalisant près de 3.000 kms, éléments d’un pot de yaourts réalisant près de 3.000 kms, trajets moyens de notre alimentation viandée de près de 4.500 kms. En même temps l’agriculture intensive contribue à hauteur de 14% au réchauffement climatique, alors que des pratiques agricoles plus agro-écologiques permettraient de limiter l’émission de gaz à effet de serre tout en fournissant de quoi nourrir la totalité de la planète. Quelle sera notre alimentation et notre agriculture « après le pétrole » ?
Quel sera notre futur et celui de nos enfants ?
Certains débats menés dans le cadre de la réflexion « Ottignies 2050 » ont posé clairement la question du lien entre « alimentation saine et accès à la terre » - ici déjà dans nos communes. A l’échelle du monde, lors des conférences proposées par la Maison du développement durable, les Prof. Mazoyer, conseiller à la FAO, Daniel Cauchy, membre de Rencontre des continents, Pierre Rabhi, promoteur de l’agroécologie en France et dans les pays africains, et enfin le Prof. Olivier de Schutter, conseiller de l’ONU pour les questions alimentaires, sont extrêmement clairs sur les constats et les scénarios de solutions.
Ici à Ottignies quelles sont nos options, quels seront nos choix ? Quelle alimentation saine pour nous et quel bien-être pour nos paysans et artisans ? Pouvons-nous opter pour la relocalisation de la production : agriculture de proximité, circuits courts, souveraineté alimentaire ? Comment – rapidement – développer des méthodes de production moins énergétivores et moins polluantes ? Quel soutien voulons-nous proposer à nos producteurs artisans, au tissu de petites exploitations ? Sommes-nous disposés à réfléchir à une possible souveraineté alimentaire - de qualité, peu traitée, de qualité nutritionnelle supérieure, faites de produits frais naturels sans adjonctions - ici même à Ottignies en lien avec les communes avoisinantes ? Le choix d’une consommation nous amenant à plus de sobriété (en particulier au niveau des produits animaux) est elle une valeur possible ? Voulons-nous construire des relations dignes / équitables entre producteurs et citoyens ?
Dans le monde, des mouvements comme Ekta Parishad (Indes), le MST (Mouvement des sans terre, Brésil), Via Campesina, la Confédération paysanne, FIAN International sont partenaires d’une nécessaire mobilisation. Dans le Sud comme chez nous, il est temps que nous retrouvions la maîtrise de nos moyens de subsistance Ici en Europe – en Suisse, en France, en Allemagne et plus particulièrement en Belgique -, des citoyens s’organisent. Concrètement ils s’associent à des paysans et artisans qui tentent de re-proposer une agriculture et un maraichage « soucieux de la terre » (revalidation de l’humus), des produits sains (pas de traitement chimique), du terroir et diffusés en circuits courts (peu d’empreinte CO² transport). De nouvelles formes d’organisations et d’appui aux paysans et artisans se mettent en place, tels des groupements d’achat – GAC : celui de Louvain la Neuve est particulièrement actif ; en 4 ans, 6 GAC se sont constitués à Gembloux !,- des coopérations économiques paysans & citoyens – AMAP : un premier est en constitution sur Chaumont-Louvain le Neuve-. Les écoles sont elles-aussi sont parties prenantes pour proposer les repas les plus sains aux enfants en lien avec ces producteurs. Ainsi suite aux appels d’offre réalisés par la Ville d’Ottignies, le traiteur Collard approvisionne nos enfants à l‘école de manière choisie.
La solidarité entre le Nord et le Sud est possible. Un groupe citoyen s’est organisé – ici à Ottignies en lien avec d’autres à Liège, Bruxelles, Arlon, Namur, Thuin, ... -proposant de joindre le mouvement impulsé par Ekta Parishad, soutenu par FIAN, MST, Slow food, etc. Les actions sont concrètes. Débats et informations : rencontre avec des écoles, avec des étudiants et des associations, réflexions sur le futur que nous voulons ici et en lien au Sud, débats avec des élus locaux et européens pour que les dispositions prises n’agressent pas les plus démunis mais au contraire les soutiennent. Des mouvements : organisation en 2011 de rencontres et de marches-découvertes à partir de « fermes sentinelles » ici dans nos régions. En 2012 une jonction vers Bruxelles et Strasbourg pour contribuer à un renouveau de la politique agricole commune (PAC) de la Commission européenne.
Allons-y ensemble, tous. Signature :